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exemple Parce que, c'est ce que je dis toujours, c'est pas lourd à porter une deuxième langue. exemple Avez-vous grandi avec votre langue maternelle ou une autre langue ? exemple Peut-être même que c'est des gamins qui ont grandi ici,mais y'a quand-même cette nostalgie de revenir à la langue du...on appelle ça 'la bouche du village'. exemple Vous avez de la joie à parler des mots. Mais une langue c'est un peu plus. explication On arrive à cette question de la fiction et de l'abstraction du mot, quand l'enfant le dit, enfin il y a dix mille traductions entre le mot étymologiquement parlant – originel – et puis ce que le gamin dit en classe par ex. C'est déjà un trajet hallucinant. Quand le prof reçoit ça, le prof qui est porteur d'un savoir, même si je ne suis pas du tout d'accord avec ça, il y a une confrontation, un frottement entre ce que le gamin dit et qui va devoir être traduit soit pour la classe, soit pour le prof qui ne le comprend pas, qui a peur, qui est ouvert mais qui trouve que le mot n'a pas sa place là. Donc le mot en tant que tel doit être traduit pour être compris. explication Moi je suis hollandais, mais je ne suis pas du tout...dans ma famille personne ne parlait le néerlandais. Y' avait une autre langue, l'accent local. Dés le début, il y avait cette friction entre la langue de l'école, et la langue de la maison, et la langue des amis. explication Et un frioulan, c'est une personne d'une région spécifique à l'Italie. Et ça je trouve ça très très frappant. Parce quand je suis arrivée en Belgique, j'ai travaillé une partie de mon temps dans un supermarché italien, il y avait plein d'immigrés qui venaient avec lesquels je parlais, et qui parlaient ou français standard ou dialecte régional italien, mais pas du tout l'italien. Et ça c'était vraiment très frappant, parce qu'ils mélangeaient ce français plus ou moins standard parce qu' ils l'ont appris en étant ici peut-être avec des accents régionaux aussi, s'ils venaient de Charleroi ou de Liège, ça pouvait aussi changer j'imagine, moi même je n'arrive pas à comprendre ça, mais en mélangeant avec des mots qui sortaient du dialecte et qui étaient super différents d'un dialecte du nord, du sud ou d'un autre région, et c'est une très grande richesse que je ne pouvais pas imaginer. Parce que moi je suis grandie à l'école avec l'italien standard. Donc c'était très frappant ça. J'avais aussi l'impression que beaucoup de mots, arabes, congolais dans le dictionnaire , je me demande s'ils font aussi référence à une partie spécifique par ex du Congo, à une ville, à une situation qui est encore plus spécifique que par rapport à une nationalité. Cette spécificité de la langue, ce qui est très important dans l'écriture, dans la fiction, parce que quant tu utilises un mot qui est très spécifique, ça te fait rentrer dans un monde qui est tout de suite quelque chose d'autre. Si tu parles simplement du pain, ça peut être n'importe quoi, mais si tu parles de baguette, ou de kolo, fufu, pelmenis, bodink, c'est tout des mots de nourriture, tu mets ces mots dans une histoire ça prend tout un autre référence. Si la personne le connaît mais même si la personne ne la connait pas parce que quant quelqu'un me dit 'bodink' ça me fait penser à tout un chose... c'est ça que je trouve très intéressant ; explication - din din fuck - non, certainement pas. Tout à l'heure tu posais la question sur comment on a grandi avec les langues. J'ai grandi dans 93, partie est de Paris, banlieue qui est lieu banni, c'est quand-même quelque chose. Les premières vagues d'immigration sont arrivées à l'est de Paris, parce que c'était une industrialisation intense, parce que les vents ne ramenaient pas les mauvais odeurs sur Paris. En plus c'était marécageux. Toutes les occupations précaires devaient disparaître. J'ai grandi dans cette zone marécageuse, avec plusieurs vagues d'immigration. On est dans les italiens dans les années 50, comme en Belgique à peu près, plus d'Algériens que des marocains, un peu moins de turcs mais plus de polonais. J'étais la seule français, j'avais mis des guillemets, ce n'est pas passé dans le micro. J'étais la seule blanche. On avait un langage qui était autant contre l'autorité, les profs, nos parents, et aussi un besoin d'être ensemble plus forts, parce que c'était quand-même une zone ultra-violente. Je faisais partie des clans qu'on appelait les zoulettes. Il y en a eu aussi en Belgique, les zoulou et les zoulettes, c'était des clans de violence, comme les gangs aux Etats-Unis. C'était juste aller faire les malins dans les magasins, aux Halles à Paris. Monter sur Paris – on était à 15km – et parler mal aux gens dans le métro, le verlan, les mots en arabe, les mots camerounais, congolais... le bapounou (?) c'est une langue du Gabon. Bouldé, le cul.... tous les mots qui font référence à la sexualité. Le bouldé c'est le cul rebondi. - Si t'as pas ça, t'as rien... - On portait des 501 de mecs parce que cela nous faisait un cul rebondi. Il y avait toute cette transformation du corps qui passait par ces mots-là. On était tous des toubabs ou des baptous, c'est blancs. Ma mère était horrifiée parce qu'elle ne comprenait rien du tout, et je faisais tout pour qu'elle ne comprenne pas. Mais ça m'a jamais paru une langue, je n'ai jamais eu cette notion de langue différente. Je n'avais pas catégorisé la langue avec ma mère, avec ma grand-mère.. Tes enfants si ? - oui. explication La langue c'est le syntaxe, le mot et la sonorité de la langue. C'est les mots aussi qui font la sonorité de la langue. Je pense que c'est un truc très français de dire ça. Parce que le français est pour moi très pauvre en – je vais dire une chose atroce – en vocabulaire. Pour faire un poème en français, tu peux utiliser n'importe quel mot, ça rime sur n'importe quel mot. En néerlandais c'est pas du tout le cas. En néerlandais on a très peu de syntaxe et beaucoup de vocabulaire. Ca dépend de la langue, savoir quel aspect fait la langue. Le néerlandais est une langue très inventive pour les mots. On peut donner un double sens, on peut inventer des mots, faire des assemblages de mots, ce qui est complètement différent en français. Je crois que c'est très francophone de dire, c'est le syntaxe qui fait la langue. explication - Je pense que les gens qui ne connaissent pas la grammaire et même, qui ont un vocabulaire très limité, sont encore capable de communiquer, d'utiliser un langage entre eux. C'est une notion de langage officielle, reconnu par un institut. Il y a aussi un langage qui est officieux, qui n'existe pas écrit. Il y a beaucoup de langages verbaux et le grammaire est aussi oral, et elle est fluide, elle change tout le temps. Au moment où on le fixe cela devient quelque chose d'autre. - peut-être on n'a pas l'occasion de se plonger dans le grammaire de la langue schaerbeekoise, parce que on avait parlé avec deux filles d'origine arabe, marocaine, qui habitaient à Schaerbeek. Elles nous avaient fait remarquer, qu'une chose qui se passe souvent à Schaerbeek, c'est de prendre un verbe arabe qui par exemple veut dire, travailler, et de le conjuguer comme en français. Disons que le mot est 7nouch, elle diront j'ai 7nouché... La grammaire entre aussi. Quand on reprend l'exemple du dialecte, la grammaire du dialecte est super complexe, parfois même plus complexe que la grammaire de la langue officielle. Le syntaxe est important. - C'est très important, mais ce n'est pas ça qui fait la langue seulement. - Des mots ne s'utilisent jamais n'importe comment de toute façon. Il y a une règle quelque part même si elle est implicite, pas dite. Parfois on saisit des mots, les jeunes utilisent beaucoup de mots que je ne connais pas, je les entends, mais je ne vais jamais savoir dans quel contexte je dois les utiliser. Je n'en sais rien quand je peux répéter ces mots. Je n'ai pas les codes, il y a des codes, c'est une syntaxe, elle est peut-être officieuse, parallèle, clandestine, mais elle existe. Si c'est un langage utilisé contre l'autorité, c'est un langage secret aussi, comme le verlan, il faut les codes, il faut être initié. Il faut savoir de quel côté l'élitisme se situe.

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